Esclauzels
La commune d’Esclauzels est située sur le causse de Limogne et fait partie du Parc Naturel Régional des Causses du Quercy.
Les Causses du Quercy sont des plateaux calcaires datant du jurassique.
Ils fournissent 80 % de l’eau potable du département du Lot.
Esclauzels se situe sur la partie septentrionale, très aride, du Causse de Limogne-en-Quercy.
Un réseau de combes (vallons), entaille profondément des terrains marno-calcaires kimméridgiens. Entre les combes, les interfluves sont occupés par de hautes collines convexes, souvent encombrés de castines (grèzes). Cette morphologie particulière (downs) caractérise la géologie du village d’Esclauzels.
Le site est vallonné. Il offre de nombreux panoramas exceptionnels sur tout le Causse du Quercy.
Par temps clair on peut apercevoir la chaîne des Pyrénées à partir du lieu-dit « Le Plassalou ».
L’altitude minimum est de 120 m aux abords du Lot et culmine à un maximum de 369 m, ce qui la place parmi les communes les plus hautes du Causse du Quercy.
Sa position 44° 25’ 21 ‘’ Nord et 1° 37’ 17’’ Est, en hauteur ne lui a pas permis d’être sur l’axe de passage important qui était la route royale qui reliait Cahors à Rodez, aujourd’hui la départementale 911.
Esclauzels, (code postal 46090), dont la superficie est de 17,73 km2 fait partie du canton de Cajarc et de la communauté de communes des pays de Lalbenque.
Elle borde le village de Saint-Circ Lapopie, superbe village médiéval classé l’un des plus beaux villages de France, et village préféré des Français en 2012.
Elle a comme voisins les villages de Berganty, Concots, Aujols, Arcambal, Saint Géry.
Cahors est à 22 km et Lalbenque, célèbre pour son marché aux truffes à 18 km.
Le bourg où se trouve la place du village est rassemblé autour de la mairie, du laquet et de l’église construite en 1867. Elle remplace l’ancienne église qui était située près du cimetière.
Un chemin pédestre appelé « Chemin du Prince » permet de profiter de tout le charme qu’offre ce village, ses panoramas, ses chemins typiques bordés de murettes en pierres sèches, de caselles ou gariottes (abris de berger) qui ont plus de 200 ans et de maisons bâties en pierre calcaire datant pour les plus anciennes du 17ème et 18ème siècle. Il faut environ 1h 30 pour effectuer cette boucle (départ au pied de l’église).
Toponymie
Le nom d’Esclauzels est une évolution du latin Clausellum (clausus : soit des petites parcelles de terres, entourées de clôtures) et de l’occitan als clausèls, clausèls diminutif de clau qui signifie enclos. D’où le nom évoquant un village composé de petits clos.
Les premières façons d’écrire le nom du village sont : Lousclauzels (1793) puis Les Clauzels, Es Clauzels. et enfin Esclauzels.
Le village faisait partie de la paroisse Saint Pierre de Sinhac (Pierre et Geraut) sous la juridiction des Clauzels en 1343.
Un peu d’histoire
La préhistoire
Les premières traces humaines dans le Quercy datent de 300 000 ou 400 000 ans.
Dès le Paléolithique (- 18 000 ans), l’homme a marqué sa présence dans le Quercy notamment, en peignant des fresques (art paléolithique) dans les grottes comme celles de Pech Merle et de Cabrerets. On recense 20 grottes et abris avec des gravures ou des peintures sur le territoire du Parc naturel des causses du Quercy.
La présence d’un Dolmen sur le territoire du village d’Esclauzels (ou plutôt à la limite avec Arcambal) atteste d’une occupation du site par des hommes au Néolithique (-4500 / -2000 ans avant JC). Le département du Lot regorge de ces sépultures (plus de 600 recensées). Par ailleurs, le lieu-dit « Peyrefit » évoque un site où étaient édifiées des pierres levées qui ont servi à délimiter les entrées des propriétés mais qui pouvaient être des vestiges de petites sépultures plus modestes.
La période Gallo Romaine
Aucune présence sur le village de vestiges datant de la période Gallo Romaine pourtant très présents sur Cahors qui comptait un amphithéâtre, un théâtre, des thermes et de nombreuses pièces exposées au musée Henri Martin de Cahors. L’histoire atteste de la résistance acharnée du peuple gaulois, dont le chef « Lucter » chef de la peuplade gauloise des Cadurques (capitale, Cahors), fut capturé et livré enchaîné à Jules César.
L’aqueduc construit par les Romains et qui devait servir à alimenter en eau la ville de Cahors, passe non loin du village en empruntant la vallée de
Vers.
Le Moyen Âge
Le ville d’Esclauzels était sous la tutelle des seigneurs de Cardaillac. Le blason des Cardaillac du Quercy était composé d’azur à un lion d’argent rampant, lampassé, armé, onglé et couronné d’or.
L’abbé de Foulhiac, dans ses Chroniques du Quercy, dit qu’un chevalier de Cardaillac combattit à la première croisade en 1096. Sa devise : « Toto noscuntur in orbe et sa légende: Igneus est nobis vigor et regalis origo.
Esclauzels apparaît dans la monographie du chanoine Edmond Albe.
Il précise que le chef-lieu était primitivement à Sinhac, dont le nom titrait une famille en 1343 : Pierre et Géraud de Sinhac. La paroisse Saint-Pierre de Sinhac
ou d'Esclauzels était annexe de Saint-Cirq la Popie, sous la juridiction « Des Clauzels.
« La seigneurie appartenait donc à la famille de Cardaillac, branche Bioule (hommage au chapitre de Cahors dès 1258), puis branche Saint-Cirq (en 1469, hommage de Jean de Cardaillac).
Un siècle après, Robert de Gontaud-Cabrerets, évêque de Condom, en possédait une grande partie puisque par son testament de 1569, il donnait 120 livres de rentes à l'hôpital de Sainte-Livrade en Agenais, à prendre sur les terres du lieu dels Clauzels, rentes acquises de noble Antoine de Peyre, dit Cardaillac, seigneur de Peyre, Cieurac et Esclauzels.
En 1718, M. de Dayrac, dénombrait Esclauzels parmi les possessions acquises en 1708 des derniers Cardaillac-Saint-Cirq.
En 1652, les consuls d'Esclauzels payaient une rente pour l'obit (service religieux célébré pour une personne à l’anniversaire de sa mort) de Mgr Gilibert de Cardaillac, protonotaire.
Les temps modernes
En 1770, Esclauzels comptait 350 communiants. Sa population n’a cessé d’augmenter jusqu’à connaître son apogée en 1856 avec 562 personnes vivant dans le village.
Le déclin
Puis une lente régression s’est opérée comme dans tous les villages du Lot avec un pic minimum en 1968 de 108 personnes. Depuis cette période, le village regagne chaque année une nouvelle population.
Le recensement de 2014 fait état de 232 personnes (voir annexe, évolution de la population d’Esclauzels).
Un fait a sans doute bouleversé l’économie locale des villages comme celui d’Esclauzels : l’abandon du droit d’aînesse. Il a été aboli en 1792, lors de la Révolution, puis rétabli partiellement en 1826, avant d'être définitivement aboli en 1849. Les familles étaient alors regroupées sous un même toit et on on pouvait compter des fermes qui hébergeaient plus de 10 personnes sous l’autorité du Chef de famille.
Les feuillets des recensements de 1876 sur Esclauzels, l’attestent. Le village comptait alors 45 Chefs de famille exploitants cultivateurs dont certains employaient une servante, une domestique et un berger, comme la famille Conduché, signes d’une relative prospérité due à l’exploitation de vignes, de présence abondante de truffes, de petites cultures, d’exploitations de bois de chauffage, d’élevage de volailles, de moutons et de vaches.
Ces communautés permettaient de faire vivre toute une famille où toutes les générations étaient représentées. Une solidarité nécessaire et qui avait ses avantages mais aussi ses contraintes comme la promiscuité et l’autoritarisme d’un chef de famille tout puissant.
Certaines familles employaient un domestique, une servante ou un berger comme les Conquet, Bergougnoux, Salgues, Galtié, Lacaze ou Sembles, autant de noms qui résonnent encore aujourd’hui, preuve de l’attachement des habitants à leurs terres et leur commune.
En 1876, les grandes familles par leur nombre étaient sans conteste les Conduché ( 32), Conquet (28), Luffau (21), Lagarde (16), Lacaze (10), Bras (14), Caniac (12), Galtié (11), Dajeau (16), Célarié (7).
Suite à l’abandon du droit d’aînesse, les propriétés ont été progressivement divisées en petites parcelles entre les différents héritiers. Trop petites pour faire vivre les familles, cette situation a favorisé l’exode rural. L’attrait pour la ville et la promesse d’un travail moins pénible et mieux rémunéré était à l’époque très fort.
La grande épidémie de phylloxéra qui a détruit tous les vignobles en 1863 a accéléré le processus de paupérisation de la population locale.
Le renouveau
Le pic de 1968 est sans doute symbolique de la grande révolution sociale survenue en France à cette époque. Des néo ruraux commencent à s’installer dans le Lot, notamment à Concots (au mas de Nuc, très proche d’Esclauzels).
La population locale voyait d’un œil curieux et circonspect la venue de ces étranges individus organisant des festivals comme celui du « Miladiou » (entre 1979 et 1982) qui a connu pourtant un franc succès de fréquentation.
De nombreux artistes se sont installés dans les bois en construisant des habitations de fortune, autour d’un bus par exemple et autres cabanes, et dont l’écologie était déjà à cette époque une philosophie affichée. La méfiance et les railleries faisaient partie du lot quotidien dans les conversations lorsque l’on évoquait le mas De Nuc peuplé de babacools, de drogués, de naturistes, d’artistes farfelus, etc.
Les années 80, 90, 2000
Puis une nouvelle population dans les années 80 s’est invitée avec le tourisme vert. Des résidences secondaires se sont construites ou ont été occupées dans le village, par des Parisiens, des Nordistes, des Anglais, des Belges ou des Hollandais.
Les anciens évoquaient souvent leurs craintes de voir le village mourir et certains voyaient avec ces nouveaux arrivants une nouvelle dynamique de vie, d’autres une perte de leur certitudes, de leurs traditions, de leur identité.
Dans les années 90 ce sont des jeunes Lotois « les estrangers d’ici » comme les appelaient les anciens, qui ont commencé à s’installer dans le village, fuyant Cahors aux impôts locaux très chers et surtout pour profiter de terrains vastes et tranquilles dont les coûts étaient beaucoup plus abordables.
Dans les années 2000 les résidences secondaires sont devenues pour certaines des résidences principales où ceux qui venaient en vacances se sont installés définitivement à Esclauzels pour mener une retraite sereine et paisible.
Aujourd’hui
La population de ce village change, se rajeunit, se diversifie. Les nouveaux arrivants ont soif de se rencontrer, de participer à la vie du village et d’échanger avec les anciens.
La vie économique, les centres d’intérêt
Le dernier agriculteur, Claude Lacaze a cessé son activité en 1997.
Le village qui a connu par le passé deux moulins à vent (Pech Garrigou et au Plassalou), un pressoir à huile au Peyrefit, un moulin à eau près du Lot (source Iffernet), un forgeron et plus de 45 exploitations agricoles, est surtout un village de résidents.
En XXXX, le camping du Pompit s’est installé grâce à un instituteur qui pendant ses vacances ouvrait le camping qu’il avait créé. Aujourd’hui le camping est fermé. Il reste quelques bungalows à la location.
Le centre équestre du Pompon-club ne fonctionne plus alors même qu'il a été en activité pendant de nombreuses années.
Une infirmière a installé son cabinet côte de la Nègre.
Le « Pat o' Cou », est spécialisé dans l’élevage de chiens de race Bergers de Brie (Briards) et accueille en pension de vacances les
chiens.
De nombreuses années (à partir de 1976), le rallye « La ronde du Quercy » animait les routes d’Esclauzels. En 1982, le premier français devenu champion du monde : Didier Auriol remportait sa première victoire scratch au passage de cette bosse célèbre.
Esclauzels a vu également passer le Tour de France en 2000, remontant la côte du Mazet empruntant ainsi la route vers Saint Circ Lapopie.
Il y a quelques années, Esclauzels connaissait jusqu'à 4 fêtes votives: une au Centre, une au Mazet, une au Peyrefit et une dernière à Nègremont. En 1876 ces quatre lieux dits comptaient un nombre égal d’habitants (autour de 90) et restaient des centres d’activités et de vie parmi les plus importants du village.
Aujourd’hui, la fête du village a lieu traditionnellement autour du 14 juillet et propose un apéritif offert par le comité des fêtes, un concours de pétanque, un
repas animé par un orchestre. Le reste de l'année est ponctué par les animations du comité des fêtes, avec la galette des rois, une soirée moules-frites, une soirée belote ...
La tradition, encore récente, d’aubades qui consistait à passer dans chaque habitation avec un musicien pour récolter quelques subsides est de moins en moins perpétuée.
Les lieux dits
La croix du Barbut
Ce lieu dit est situé au croisement des routes qui longent le Pech Garrigou et le Peyrefit Bas en face d’une croix.
Avant l’an de grâce 1872, les jeunes recrues pour le service militaire étaient tirés au sort et devaient partir pour une longue période de cinq ans. Ils avaient néanmoins la possibilité, contre une coquette somme d’argent, de vendre, à un tiers, leur obligation d’effectuer leur service militaire.
Un homme ayant tiré un mauvais numéro pouvait payer quelqu'un qui en avait tiré un bon pour faire le service sa place. Les bons numéros ne faisaient qu'un an, les autres cinq. Enseignants et religieux étaient dispensés.
L’aïeul de Lucie Garrigue, qui n’était pas riche, accepta de remplacer un autre qui avait été sélectionné. Faisant mauvais cœur, contre bonne fortune, il part donc faire son service militaire, en jurant grand dieu qu’il ne se raserait plus la barbe durant toute cette période. Lorsqu’il revint, personne ne le reconnut car il avait une barbe si longue qu’il pouvait la rentrer sous la ceinture de son pantalon. On l’affubla ainsi du sobriquet : le Barbut.
Le lieu dit « Le barbut », où il demeurait, était placé en face d’une croix toujours existante et prit le nom de : « Croix du Barbut ». La ferme surplombait alors le champ du Barbut.
On retrouve cette dénomination sur le plan cadastral Napoléonien réalisé en 1841.
Texte provisoire,
réalisé par Philippe DEREUDER
1 mars 2016
Tableau 1 |
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Années |
Population |
Habitations |
|
Années |
Population |
Habitations |
1793 |
502 |
|
|
2004 |
165 |
|
1800 |
487 |
|
|
2006 |
176 |
|
1806 |
474 |
|
|
2008 |
202 |
|
1821 |
463 |
|
|
2009 |
214 |
|
1832 |
446 |
|
|
2010 |
222 |
|
1836 |
478 |
|
|
2012 |
226 |
169 |
1841 |
490 |
|
|
2013 |
229 |
|
1846 |
491 |
|
|
|
|
|
1852 |
525 |
|
|
|
|
|
1856 |
562 |
|
|
|
|
|
1861 |
555 |
|
|
|
|
|
1866 |
507 |
|
|
|
|
|
1876 |
518 |
128 |
|
|
|
|
1881 |
493 |
127 |
|
|
|
|
1886 |
458 |
118 |
|
|
|
|
1891 |
422 |
116 |
|
|
|
|
1896 |
411 |
114 |
|
|
|
|
1901 |
365 |
106 |
|
|
|
|
1906 |
330 |
101 |
|
|
|
|
1911 |
300 |
100 |
|
|
|
|
1921 |
275 |
|
|
|
|
|
1926 |
259 |
|
|
|
|
|
1931 |
225 |
|
|
|
|
|
1936 |
216 |
|
|
|
|
|
1946 |
184 |
|
|
|
|
|
1954 |
158 |
|
|
|
|
|
1962 |
144 |
|
|
|
|
|
1968 |
108 |
|
|
|
|
|
1975 |
120 |
|
|
|
|
|
1982 |
133 |
|
|
|
|
|
1990 |
139 |
|
|
|
|
|
1999 |
160 |
|
|
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Tableau 1-1 |
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Périodes |
Maires |
1793/1797 |
Jouglas François |
1797/1798 |
Conduché Antoine |
1798/1799 |
Conquet Pierre |
1799/1808 |
Conduché Antoine |
1808/1817 |
Armand Jean Baptiste |
1817/1830 |
Conduché Jean |
1830/1831 |
Armand Guillaume |
1831/1835 |
Conduché Jean |
1835/1846 |
Conduché Antoine |
1846/1850 |
Armand Guillaume |
1850/1852 |
Vincent Jean Pierre |
1852/1866 |
Luffau Antoine |
1866/1871 |
Bergounioux Antoine |
1871/1899 |
Luffau Antoine |
1899/1903 |
Pouzergues Paulin |
1903/1904 |
Jouglas Baptiste |
1904/1908 |
Bergounioux Antonin |
1908/1928 |
Luffau Baptiste Joseph |
1928/1932 |
Lacaze Frédéric |
1932/1941 |
Sembel Jean |
1941/1945 |
Donadieu Adrien |
1945/1965 |
Célarié Paul |
1965/2014 |
Lacaze Claude |
2014/2016 |
Célarié Gérard |
2016/2020 |
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